Feuille de salades

L'info sans conservateurs ni grumeaux


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Une alimentation 100% saine, c’est possible

Gaétan est un étudiant en droit tout à fait normal, ou presque. Quand les jeunes de son âge se retrouvent autour d’un kebab ou d’un burger-frites, le jeune homme s’impose des règles bien plus strictes.

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Il y a encore quelques années, Gaétan se plaisait à retrouver sa petite amie Marise au restaurant-grill de leur quartier du 9ème arrondissement. Mais depuis l’affaire des lasagnes de cheval, tous deux ont stoppé leur consommation de viande. « Nous avons parcouru beaucoup de forums sur le sujet, et nous avons pris conscience que nous devions faire davantage attention à notre alimentation » explique Gaétan.

C’est en feuilletant les Marie-Claire de son amie que le jeune étudiant s’est vu confirmé la nécessité d’aller encore plus loin : « Dans le numéro du mois de mars, un article détaillait les dangers du gluten. Maintenant plus question de polluer mon corps, le gluten c’est fini ! ». Depuis, Gaétan mange également sans sucre, sans sel, sans colorants, sans conservateurs, sans additifs, sans acides gras, sans huile de palme, sans aspartame et sans OGM.

Gaétan reconnaît que son régime alimentaire est atypique. Et après avoir passé plusieurs heures dans les rayons des supermarchés et des épiceries biologiques de son quartier a chercher des produits répondant à toutes ses restrictions, le jeune homme a enfin trouvé la solution miracle à tous ses problèmes.

Aujourd’hui, Gaétan se nourri uniquement d’eau minérale. Dans son frigo, des bouteilles de toutes tailles et de toutes formes : « J’essaye de varier au cours de la journée, à midi je suis plutôt Evian, et le soir je me fais plaisir avec une San Pellegrino fraiche et pétillante ! ».

Si son régime alimentaire laisse peu de place aux surprises, il s’autorise tout de même quelques écarts. « Quand mes amis et moi allons au restaurant, je commande un diabolo fraise, c’est une petite gourmandise que je m’autorise de temps à autre pour conserver une vie sociale normale ».

Gaétan est aujourd’hui un homme heureux et sain, bien qu’il réfléchisse actuellement a supprimer de son alimentation les eaux trop riches en minéraux, qui d’après certaines études, pourraient être dangereuses pour la santé. 


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Crème chantilly : vers une révolution de palais ?

Imaginez que votre univers culinaire tout entier s’effondre. Que soudainement, sans que vous n’ayez pu vous y préparer, vous deviez faire face à de nombreux changements concernant votre alimentation. Un monde différent où la tomate n’apparaitrait plus comme l’élément de base de toutes sauces bolognaises qui se respectent, l’ail ne serait plus l’ingrédient star de l’aïoli et où vous ne pourriez plus surmonté votre ramequin rempli plein à craquer de fraises par une onctueuse crème chantilly. Un nouvel ordre des choses tout sauf fictionnel. Panique dans vos assiettes.

Bon, maintenant que j’ai réussi à accrocher votre attention grâce à l’introduction ci-dessus, je peux vous énoncer la vérité telle qu’elle est. Si les deux premiers cas relèvent de la science-fiction, pour ce qui est de l’incontournable combo fraises-chantilly, celui-ci est bel et bien sous le joug de la menace. Une hostilité émanant de la très fameuse association “60 millions de consommateurs“. Cette dernière réclame la mise en place d’une campagne ayant pour visée d’attirer l’attention sur un défaut de fabrication qui n’en finit plus de causer plaies et fractures, je veux bien entendu parler de ces embouts mal fixés qui se retrouvent violemment éjectés au moment de la pression.

Ce mois-ci, avance l’association, déjà cinq usagers auraient été victimes de collisions avec siphons à crème chantilly. Un fléaux qu’il ne convient en aucun cas de minimiser. Selon un recensement réalisé par l’association, « une quinzaine de marques de cet ustensile de cuisine ont été rappelées, en l’espace de quatre ans, pour le même défaut de conception“ et il y a pire “un siphon de la marque Ard’Time a fait l’objet d’une alerte de sécurité en avril 2013 et sur les 160 000 exemplaires vendus, seuls environ 25 000 ont été repérés à ce jour ».

C’est pour cela, face à terrible constant et aux faibles dispositions prises par les autres marques concernées que 60 millions de consommateurs en appelle à une véritable campagne d’information nationale. Soit le seul moyen de faire réaliser à de nombreux consommateurs qu’ils possèdent dans leur frigo un ustensile dangereux. En fin de compte, ce n’est pas vraiment la crème chantilly qui est ici menacée, seulement le médium permettant de s’en servir.

 


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LES « PÂTES ZIZI » N’EN ETAIENT PAS

A Roubaix, dans le Nord de la France, Kévin, jeune homme de 37 ans, a fait l’expérience d’une bien triste aventure. Alors qu’il avait préparé un plat de pâtes en forme de sexe pour sa compagne et lui-même, celles-ci se sont avérées méconnaissables après la cuisson.

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Une soirée de Saint Valentin ratée

Le jeune homme cherchait à recoller les morceaux avec sa compagne de 19 ans, Lydia, qui partage sa vie depuis bientôt huit ans. « Ce repas de Saint Valentin, et l’originalité dans la forme des pâtes, c’était pour redonner un peu de piquant à notre couple dans lequel il y a de l’eau dans le gaz. Je voulais de la fantaisie entre Lydia et moi… C’est raté… », déclare Kévin, visiblement abattu.

Dans l’après-midi précédant les faits, il décide d’aller acheter de quoi préparer un repas pour son dîner en tête à tête et est immédiatement séduit par un paquet de Sex Pistols : « J’avais acheté un paquet de 500 grammes, elles semblaient jolies, le design assez réussi, j’avais trouvé un bon plan pour reconquérir Lydia ».

 Cependant, la soirée ne se passera pas comme prévu. Au fur et à mesure de la cuisson, Kévin s’aperçoit que les pâtes, en se gorgeant d’eau, perdent leur aspect originel. « Elles ne ressemblent plus en rien à ce qui est indiqué sur le paquet, nous étions très déçus » déplore-t-il. Le couple jette alors les pâtes et se fait livrer des sushis, déconcerté. « La soirée en est restée là et Lydia a préféré aller passer la nuit chez ses parents, je ne peux pas lui en vouloir » poursuit Kévin.

Un nouveau coup dur pour l’industrie de l’alimentaire

 C’est un nouveau coup dur qui vient ébranler l’industrie alimentaire, après le scandale des Dinosaurus, biscuits renommés ainsi car ils ne ressemblaient en rien à des animaux de la ferme. Le fabricant avait du débourser une sommé colossale afin de dédommager les nombreux parents dont les enfants avaient subi le préjudice. Décidé à faire un exemple de son expérience, Kévin a réclamé un dédommagement auprès de la société fabriquant les Sex Pistols.

 La société a présenté ses excuses dès que la nouvelle s’est répandue sur les réseaux sociaux et a offert une somme afin de dédommager Kévin, dont le montant n’a pas été dévoilé. L’expérience a paradoxalement rapproché le couple, qui coule désormais des jours heureux dans leur appartement de Roubaix. « On mangera des Lustucru la prochaine fois, plus de chichi » conclut Lydia.


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LE GASPILLAGE FAIT PEAU NEUVE AVEC LA DEUXIEME EDITION DE « GASPI EN FOLIE »

« On ne joue pas avec la nourriture ! » Qui d’entre nous n’a jamais entendu cette phrase, prononcée par une voix maternelle dans notre plus tendre enfance ? Dorénavant, à l’heure ou la mode et les tendances changent comme vous et moi changeons de chemise, le gaspillage alimentaire (qui a toujours existé, qu’on se le dise) fait peau neuve.

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Cette année, la deuxième édition du festival « Gaspi en Folie », sponsorisée par une grande enseigne de supermarchés, dont nous ne citerons pas le nom, se déroulera du 1er au 3 aout 2014, à Guéret, bourgade de 13 500 habitants, dans la Creuse. Cette année encore, les festivaliers auront le plaisir d’entarter leurs amis, de nager dans la fameuse soupe aux choux dans le cadre des Olymsoupes qui se dérouleront tout le long du weekend, en parallèle des autres activités que proposera le festival, telles que l’Etalon dans l’Estomac (concours du plus gros mangeur de steaks de cheval), la Soupe à la Grimace et consorts.

Les festivités se clôtureront par le concert de la très distinguée Miley Cirus. L’année dernière, c’est le groupe Sexy Sushi qui avait enflammé Gaspi en Folie, jetant, dans une ambiance à couper le souffle, des côtes de porc et de la bière sur la foule en délire.

Un festival pourtant controversé

Mais que répond Christian Lartichaut, directeur du festival, sur les polémiques de Gaspi en Folie, notamment sur « l’éthique plus que douteuse d’un événement de ce type et surtout bien tristement de cette ampleur », pour citer le Gorafi ?

« Le festival, argue t-il, souhaite se distinguer par son positionnement atypique : le gaspillage. Aux Vieilles Charrues, pour ne citer qu’eux, ils distribuent des « écocups », goblets en plastique rigide qui fait le weekend du festivalier, au lieu de réutiliser un gobelet neuf jetable à chaque consommation. Et que dire des toilettes sèches ? Et les repas fournis par des producteurs locaux ? Tout cela est très bobo, pas de ça à Gaspi en Folie ». 

« Marre de cette hypocrisie sur l’écologie, sur la préservation des ressources », reprend-il. « Quand on voit la quantité de nourriture et d’énergie qui est gâchée chaque année dans le monde, notamment par les Etats et les grandes entreprises, qui devraient pourtant donner l’exemple, comment peut-on nous accuser de gaspillage, nous qui récupérons les produits déjà gâchés, tels que les poubelles des supermarchés, les produits périmés et les chutes des cantines scolaires ? ». Lorsque les Etats se décideront à entreprendre une vraie politique internationale sur la redistribution des surplus alimentaires, nous en reparlerons. 

En attendant, rendez-vous est pris à Gaspi en Folie les 1er, 2 et 3 août prochains. L’édition 2013 avait d’ores et déjà rassemblé 90 000 personnes sur les 3 jours, performance tout à fait remarquable pour une première édition et un événement si atypique. 21 € la journée, 35 € les deux jours, 45 € le pass 3 jours. Retrait des places sur place, sur gaspienfolie.net et tous les points de vente physiques et en ligne.


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“La semaine du bio” laisse place à “la semaine du gros”

Du 7 au 15 juin 2014, se tiendra la dernière “semaine du bio” en Belgique. À force de pressions et de menaces, les organisateurs ont baissé les bras laissant le champ libre à un nouveau rendez-vous : “la semaine du gros”.

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Créée en 2004, par Thomas Péroude et Marc Beaugier, deux copains de la faculté Agricole de Bruxelles, cette manifestation est devenue en 10 ans l’un des évènements les plus observés du plat pays. “L’objectif était de promouvoir l’agriculture responsable”, rappelle Thomas en regardant les affiches des éditions précédentes. Point d’orgue de ce projet, la réalisation en 2009 de la plus grande salade d’Europe. Celle-ci étaitcomposée essentiellement de restes de la grande distribution. Une salade crétoise d’une tonne et demie : “le poids d’une berline allemande” comme aime à rappeler Marc, pas peu fier de l’exploit.

Des pressions et des menaces

C’est avec amertume que les deux fondateurs ont décidé de donner un coup d’arrêt retentissant à ce succès populaire. Mais pourquoi stopper là cet évènement du “bien manger” ? À cette question, les visages des deux compères se figent. Thomas réagit : “nous subissons des pressions et des menaces de la part des lobbys de la malbouffe”. D’après nos sources, une grande firme du fast-food leur aurait proposé un gros chèque pour racheter leur concept. Dans ce contrat, l’obligation de ne pas lancer d’évènements similaires. Après un premier refus de la part du duo, des lettres anonymes ont été envoyées à leurs proches. Un acharnement que n’aurait pas supporté Thomas Péroude : “C’était un cauchemar, j’ai su à ce moment-là qu’il fallait vendre le concept !”.

De la pédagogie contre les dangers du bio

À partir de l’année prochaine, ce sera donc la holding Bigfood Worldwide, filiale du géant du burger américain Kingbullet qui sponsorisera “la semaine du gros” ! C’est l’intitulé choisi par la firme : “Nous voulions un terme à consonance proche pour ne pas trop déstabiliser le grand public” déclare Karen Maclay, présidente de Bigfood. Au programme de l’édition de 2015 : une sensibilisation aux dangers du bio, le prix du meilleur producteur OGM, un prix spécial du jury pour la plus grosse emprunte carbone et une tentative de record du monde de gaspillage. Karen Maclay a annoncé sa volonté de fédérer les enfants et les adolescents qui sont un public très réceptif : “il faut qu’ils comprennent les biens faits d’une alimentation riche et sucrée, car se nourrir, c’est surtout se faire plaisir !”. Depuis, Thomas Péroude et Marc Beaugier ont été embauchés au service marketing de Kingbullet : “C’est vrai qu’au début, on était retissant, puis disons que nous avons réussi a trouvé un terrain d’entente aux eux”. Karen Maclay se félicite de cette grande ambition pour la marque et pour les générations futures. Espérons que cette nouvelle initiative remporte le même succès populaire que la précédente…


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De la semelle dans nos assiettes. CQFD.

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En Chine un nouveau scandale éclate, révélant la présence de gélatine de cuir de chaussures dans la nourriture.

Si nous autres Français sommes tout particulièrement attachés à la réputation de notre gastronomie nationale, et portons un soin particulier au contenu de nos assiettes, il n’en va visiblement pas de même pour tout le monde. L’expression « dur comme de la semelle » prend désormais tout son sens lorsque nous apprenons que de la gélatine de cuir de chaussures est utilisée à des fins alimentaires dans de nombreux produits chinois.

En effet, selon notre correspondant local de la chaîne télévisée CCTV, cette gélatine proviendrait, entre-autre, de restes de chaussures en cuir. Et le scandale ne s’arrête pas là puisqu’il implique un fabriquant allemand, dont nous tairons le nom tant que les conclusions de l’enquête ne seront pas rendues officielles.

Pilules, gâteaux, yaourts 0% et même des bonbons !!

Tous les marchés semblent envahis: des desserts aux bonbons en passant par les compléments alimentaires, ou même les produits dits « minceurs », rien n’échappe à cette gélatine industrielle. Non- comestible, et généralement utilisée pour fabriquer des meubles, elle a ainsi été retrouvée dans les « perles » du bubble tea (mélange de thé, de lait et de billes de tapioca gélatineuses), dont les Chinois sont si friands.

De plus, les enfants sont directement touchés par ce nouveau scandale puisque la gélatine est un composant essentiel des fameux bonbons « en gélatine », comme les célèbres nounours multicolores que nous affectionnons tous. Il semblerait en effet que cette gélatine, outre le faire qu’elle soit impropre à la consommation, rendrait les aliments plus difficiles à mastiquer, et pourrait même provoquer une usure prématurée de la table dentaire.

Dans un pays plus que coutumier des scandales sanitaires (on pense notamment au lait à la mélamine ou à l’huile récupérée dans les caniveaux des restaurants), la question de la sécurité alimentaire est de nouveau mise au premier plan, sans résultat toutefois. Il semble que la situation s’enlise, allant au plus offrant et aboutissant dans ce cas précis à l’exportation en Chine de plus de 3 000 tonnes de gélatine non-comestible par le fabricant allemand.

Assurer la sécurité alimentaire ou se débarrasser d’un concurrent étranger ?

Chaque année, explique notre correspondant de la CCTV, la télévision publique « fête » la Journée des droits du consommateur en clouant au pilori des entreprises, souvent étrangères, qui auraient enfreint les droits des consommateurs chinois.

La vindicte publique à l’encontre de l’industriel allemand pourrait donc avoir pour objectif d’évincer un concurrent étranger à la faveur des producteurs nationaux de gélatine. Au moment même où le marché est en pleine expansion, cela dynamiserait le marché chinois, au prix de leurs ex-bonnes relations commerciales avec l’Europe.

Un bonbon à son effigie, c’est désormais possible !

Ce marché de la gélatine, par ailleurs, explose littéralement au Japon depuis qu’il est rendu possible, grâce à la technologie des imprimantes 3D, de se faire « tirer le portrait » sur ses bonbons préférés. Cette nouvelle mode boost les ventes de bonbons en gélatine, et celles des fameux nounours sont nettement en tête des ventes de ce nouveau marché. De quoi attirer les contrôles sanitaires, ainsi qu’éveiller la méfiance des consommateurs japonais, toujours sensibles à ce qui se passe côté chinois…

 


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Le sensationnalisme de Complément d’enquête transcende le journalisme

Elle a fait l’unanimité auprès des médias et des téléspectateurs. Pour la 250ème édition de Complément d’Enquête, Benoit Duquesne voulait frapper un grand coup. Objectif atteint grâce à soixante minutes inoubliables de journalisme d’investigation décortiquant ce que les français trouvent dans leur assiette. Alimentation : le marché de la peur pourrait bientôt devenir un exemple de sensationnalisme enseigné dans les plus grandes écoles de journalisme. Retour sur un phénomène.

benoit duquesneBenoit Duquesne lui-même n’en revient toujours pas. C’est les larmes aux yeux et la gorge nouée qu’il s’est confié à Reporterre. « A la base, on voulait juste surprendre le téléspectateur sur un sujet peu traité dans les médias : les scandales alimentaires. Et puis on a décidé d’élargir le sujet, de parler des troubles du comportement alimentaire, et finalement de dénoncer tout le monde : les bouchers, les coachs, les régimes, les grandes surfaces, les fournisseurs, et même nous, c’est-à-dire les médias. On a invité des experts alarmistes afin de légitimer le sensationnalisme et la peur générée dans le reportage. » Rarement une émission n’était allée aussi loin dans le catastrophisme en matière d’alimentation. Pour Benoit Duquesne, il s’agit avant tout d’un travail collectif : « Je tiens à remercier tout le monde. Les experts bien sûr, et les consommateurs que nous avons payé pour leurs réactions scandalisées. Mais aujourd’hui, je suis surtout très fiers de mes journalistes, rien n’aurait été pareil sans eux » a-t-il ajoutéavant d’éclater en sanglot.

Jean-Marc Morandini, journaliste parmi les plus renommés de France, rend hommage à une émission qui selon lui « fait déjà parti du Panthéon du journalisme. » Mais d’où viennent les raisons de ce succès ? Pour le grand manitou du journalisme français,  « aujourd’hui, les gens ne désirent plus d’information, ils cherchent des scandales, des stars nues, et des bébés morts, bref, du sensationnelEt le coup de l’enfant de cinq ans handicapé après avoir mangé un steak haché contaminé était très fort. Les journalistes ont réussi, en jouant sur la corde émotionnelle, à instaurer la peur sur l’un des aliments les plus populaires en France. Cela confine au génie ! »

Même son de cloche chez les consommateurs. David, 28 ans, n’est pas ressorti indemne du visionnage de Complément d’Enquête. « Après avoir vu ça, on ne peut être que terrifié du marché de l’alimentation en France ! C’est décidé, je ferai plus attention à ce que je mange maintenant » a-t-il juré en nous affirmant qu’il ne toucherait plus jamais des lasagnes Findus, avant de s’ouvrir un hachis Parmentier de la même marque. Ce qui a le plus choqué Gérard, boucher, c’est de savoir que « désormais on ne peut plus faire confiance à ceux qui nous vendent notre nourriture. Ce sont tous des escrocs. D’ailleurs, je ne me fais plus confiance moi-même. » Même si Complément d’Enquête est parvenu à faire peur aux téléspectateurs, pour Mathilde, étudiante en journalisme, « l’émission a encore une marge de progrès. Par exemple, l’un des experts s’est mis à proposer des solutions pour réguler le marché de l’alimentation. Cela a selon moi décrédibilisé l’ensemble de l’émission ».

 


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« Gastrogangs » : comment notre alimentation est devenue le nouveau terrain de jeu du crime organisé.

Devant la prolifération des scandales sanitaires, et notamment celui de la viande de cheval découverte dans des lasagnes « pur bœuf », le monde a découvert un trafic d’un genre nouveau, dirigé par le crime organisé : celui de l’alimentation.

Gastrogang Xavier Raufer, criminologue et directeur des études au Département de Recherches sur les Menaces Criminelles Contemporaines à l’Université Paris II, répond à nos questions et nous apporte son éclairage sur ce sujet brûlant.

« Ni gastrogangs, ni éco-mafia »

Si pour nous un scandale alimentaire en chasse un autre, il n’en demeure pas moins qu’avec le cas de la viande de cheval Spanghero notre alimentation est devenue une cible de choix pour le crime organisé. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Pour Xavier Raufer, le crime organisé est opportuniste. Hors jeu de mots, il n’y a donc ni « gastrogangs », ni « éco-mafia ». « D’un jour à l’autre et à son choix, tout bandit passe du proxénétisme au racket ; du trafic de stupéfiants à celui de déchets toxiques », confie-t-il à notre envoyé spécial. C’est aussi simple que cela. Mais il faut nous méfier de la face cachée de l’iceberg : s’obséder sur les seules fraudes alimentaires cache l’essentiel, qui est que les criminels se moquent de ce qu’ils falsifient, aliments aujourd’hui, médicaments ou pièces détachées demain. Le but recherché étant bien entendu, la maximisation du profit.

Selon Xavier Raufer, ce qui pousse aujourd’hui le crime organisé vers de nouveaux centres de profit comme la contrefaçon alimentaire, c’est « le chaos qui, désormais, s’installe sur la planète drogue ». En effet, partout sur les gros marchés de stupéfiants (Amérique du Nord, Europe) on constate une nette baisse de l’usage des drogues illicites (cocaïne, héroïne – cannabis) et l’explosion parallèle du trafic de médicaments utilisés pour se « défoncer » (opioïdes antalgiques, anxiolytiques, sédatifs, etc.). D’où, la ruée vers la contrefaçon et la cybercriminalité, notamment.

Des produits de luxe aux corn-flakes…

A l’origine, sont ciblés les biens et produits de luxe : parfums, bijoux, etc. Puis les médicaments, les cosmétiques, les pièces détachées de véhicules et d’avions. Et aujourd’hui, n’importe quoi : fausses barres chocolatées, faux dentifrice… « A San Francisco, on a même saisi en 2012 un navire chargé de faux corn-flakes ! Tout cela rapporte des fortunes. » En 2010, selon l’ONU, le « chiffre d’affaires » de la contrefaçon approchait les 250 milliards de dollars par an. Vers 2015, ce marché illicite rattrapera sans doute celui des stupéfiants (aujourd’hui, quelque 350 milliards de dollars par an, dixit l’ONU).

La crise, encore elle, alimenterait ces réseaux ou « gastrogangs »

Le plus ardu est de faire réaliser au monde du business qu’il s’agit d’une affaire criminelle impliquant de puissantes mafias prêtes à tuer et provoquant un massif problème international de santé publique. En Afrique, les faux médicaments tuent sans doute de 80 000 à 100 000 personnes par an.Quant aux polices et aux justices des grands Etats de droit, ce sont de lourdes bureaucraties qui peinent à changer d’ennemi…

 Au fil des décennies, ces instances répressives se sont accommodées du terrorisme et du trafic de stups – et peinent à se mettre en ordre de bataille devant un ennemi mouvant et difficilement saisissable… Profitant du chaos qui règne dans ce trafic, c’est donc un nouveau secteur de choix qu’investit le crime organisé, puisqu’il se retrouve désormais chez nous, dans nos assiettes !